Colères by Jean-Luc Laurent

Auteur:Jean-Luc Laurent [Laurent, Jean-Luc]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9791042207083
Google: WR_gEAAAQBAJ
Éditeur: Le Lys Bleu Éditions
Publié: 2023-01-14T23:00:00+00:00

XV

Dans la maison de Marie, JR avait grossièrement remis les meubles en place après que les divers services de police eurent terminé leurs relevés et Madame Berney était ensuite venue faire un brin de ménage, si bien que lorsqu’elles arrivèrent, elles se trouvèrent dans une maison propre et parfaitement rangée. Toutefois, Chloé était inquiète. Bien qu’elle fît tout pour n’en rien laisser paraître, Marie voyait bien, en observant son comportement, qu’à tout moment, elle jetait discrètement un coup d’œil par la fenêtre, regardant de chaque côté le long de la rue du Village si elle voyait quelque chose d’inhabituel, puis elle faisait mine de se replonger dans une activité quelconque. Pourtant, Marie ne s’inquiétait pas outre mesure. Elle se faisait fort de lui faire oublier tout ça. Même si elle-même n’avait pas l’intention de prolonger sa convalescence plus que nécessaire.

Pour le moment, le programme était à la détente. Madame Berney avait pris les choses en main et avait décidé qu’elle leur préparerait le repas de midi tous les jours. Ceci à la grande satisfaction de tout le monde. Il est vrai que c’était une excellente cuisinière, mais elle rechignait à popoter pour elle toute seule. Le fait de s’occuper des deux jeunes femmes lui donnait ainsi l’occasion de se remettre devant sa cuisinière et de concocter de bons petits plats. Elle pouvait profiter de la situation pour vider un peu son congélateur qui regorgeait de légumes de son jardin. Elle faisait tout elle-même. Elle entretenait sa maison, elle cultivait ses légumes, elle faisait ses courses. Elle s’était même offert une dernière folie, comme elle disait. À près de 80 ans, elle s’était racheté une voiture. Pas une grosse comme ses deux protégées, mais une petite voiture d’occasion qu’elle avait trouvée chez un garagiste de l’autre côté du lac et qui lui rendait bien service pour descendre au Sentier lorsque ses vieilles jambes la faisaient souffrir. La seule chose qu’elle ne faisait pas elle-même, c’était tuer ses lapins. Elle n’avait pas le cœur à ça. Elle les avait bien nourris pendant des mois avec les restes du jardin, elle les avait cajolés, bichonnés, mais elle ne se sentait pas de leur faire passer de vie à trépas. Un jour, elle avait posé la question à Marie de savoir si elle accepterait de se charger de cette tâche, mais elle avait refusé. Même si elle était formée pour tirer sur un malfrat au cours d’une potentielle intervention dangereuse, elle refusait de tuer un petit lapin qui ne lui avait rien fait. Aussi, Madame Berney n’avait pas insisté et demandait à un de ses voisins, un agriculteur qui venait chercher l’animal dans son clapier et le ramenait découpé en morceaux dans un plat. Elle convenait que c’était un peu hypocrite de sa part, mais bon ! Elle les aimait, ses lapins. Le problème, c’est qu’elle les aimait aussi bien dans son assiette que dans leur clapier.

Le premier achat de Marie à son retour fut un téléphone. Au moment où elle avait reçu le

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